Solennité de Sant Benoît, abbé

Les visions nocturnes de Saint Benoît

Dans sa Vie de Saint Benoît, Saint Grégoire le Grand donne une grande place aux miracles qui ont eu lieu tout au long de la vie de Benoît.  Dans les derniers chapitres, on peut reconnaître que Dieu a béni tout particulièrement Saint Benoît avec des dons spéciaux, et des grâces particulières. 

Quelques jours après la nuit passée à parler des choses de Dieu avec sa sœur Scholastique, Benoît voit, par la grâce de Dieu, son âme telle une colombe, rejoindre le ciel.  Il demanda que sa sœur soit enterrée dans le tombeau qu’il s’était fait préparer (Vie chapitre 34). 

Mais le miracle le plus important, le plus impressionnant, Saint Grégoire le décrivit dans le chapitre suivant :
(ayant) devancé le moment de la prière nocturne : debout à la fenêtre, il priait instamment le Dieu Tout-puissant et subitement. Alors qu’il regardait dans la nuit encore profonde, il vit une lumière répandue d’en-haut chasser toutes les ténèbres de la nuit et briller d’une telle splendeur qu’elle surpassait la lumière du jour elle-même, alors qu’en fait, elle rayonnait au sein des ténèbres.
Or dans cette contemplation, une chose tout à fait admirable s’ensuivit car, en effet, comme lui-même l’a raconté ensuite, le monde entier, comme rassemblé sous un seul rayon de soleil, fut offert à ses yeux. (Vie 35,2-3)

Ce texte est d’une grande importance pour nous, moines, à tel point qu’il est inséré dans l’hymne que nous chantons à Laudes et à Vêpres aujourd’hui :
Voir l’univers à sa mesure véritable, l’univers comme un point lumineux. 
Léger grain de sable que l’amour transfigure,
savoir que toute chose est en Dieu précieuse et pure.

C’est toute la spécificité de la vie monastique rassemblée ici dans l’image et son interprétation.  C’est Dieu en effet, le Créateur, qui anime l’univers de son amour.  Le moine, le priant, est là uniquement pour rendre à Dieu l’amour reçu et le remercier pour la Création, pour la vie qui foisonne dans le monde, pour notre propre existence.  C’est cet aller-retour de Dieu Créateur vers ses créatures, aller-retour amoureux, qui nous invite à y répondre et à en vivre. 

Saint Benoît, dans sa Règle, nous a donné l’outil pour vivre la vie monastique en communauté.  Une petite Règle pour débutants, comme il la définit lui-même, permettant à des moines cénobites de vivre en communauté, sous cette Règle et sous un abbé.  C’est une description sèche, détaillée à l’excès.  Combien de Psaumes, combien de pain, combien de vin, combien d’heures de sommeil, combien d’heures de travail de travail, etc. 

C’est saint Grégoire, dans la Vie de Saint Benoît qui nous donne en quelque sorte les fruits.  Les Mirabilia Dei que Saint Grégoire nous rapporte, montrent comment un homme de Dieu fait les mêmes œuvres que Dieu et Jésus ont faits.  Nous ne cherchons bien sûr pas à faire des miracles, mais à vivre en communion avec Dieu par la prière régulière, l’office divin, la vie fraternelle.  Et Dieu, selon la grâce qu’Il accorde à chacun selon Sa volonté, peut faire des miracles tout simples qui facilitent la vie en commun, pour ne donner qu’un exemple. 

Nous avons été témoins de ces miracles divins, mentionnés dans le nécrologe de Sainte Marie du Mont, de frères de la communauté qui savaient à l’avance quand ils allaient mourir, ou qui pleuraient de joie à l’annonce que leur maladie allait les conduire rapidement auprès du Seigneur et de sa Mère.  Du vivant de ces frères nous ne nous rendions pas vraiment compte de leur vie spirituelle.  Quoique… C’est un signe aussi que Dieu fait encore des merveilles en notre temps, mais qu’elles restent trop souvent cachées aux yeux de hommes, même de ceux qui leur sont les plus proches. 

Rappelons-nous encore cette phrase d’un moine disant à qui voulait l’entendre : « je suis le plus heureux des moines du Mont des Cats. »  Son humilité et sa prière assidue l’avaient conduit à une grande intimité avec Dieu, qui rend heureux.  C’est un modèle à suivre, pour chacun de nous. 

En cette fête de Saint Benoît, demandons au Seigneur la grâce de la fidélité à notre vocation et la persévérance dans notre œuvre monastique de prière et de louange.  Le Seigneur nous viendra en aide et ne nous décevra pas !

Père Bernard-Marie

Ce contenu a été publié dans Homélies 2024. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.