Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie

La dévotion Mariale de Saint Bernard

Saint Bernard a écrit nombre de textes sur la Vierge Marie, et parmi les plus connus, les plus « mystiques » on pourrait dire, il y a le Livre des « Louanges de la Vierge Mère », dans lequel Bernard commente l’Annonciation de l’ange Gabriel à Marie. 

Dans l’introduction générale à ces quatre Homélies, Saint Bernard se justifie :
La dévotion m’invite à écrire, mes occupations m’en empêchent…  Je sais bien que ce travail ne m’est pas réclamé par un besoin qu’en auraient mes frères mais puisqu’il ne m’empêche pas de rester entièrement à leur service, je ne crois pas qu’ils aient à se plaindre de ce que je réponde aux exigences de ma dévotion personnelle (Missus Est, Préface).

De ce texte, un exemple parmi bien d’autres, il ressort que la dévotion à la Vierge Marie est ancrée dès les premières décennies dans la tradition cistercienne.  Marie dans la fête de son Assomption est vénérée comme la patronne principale de la France, mais également par les cisterciens comme notre patronne unique. 

Après avoir longuement commenté l’évangile de l’Annonciation pour la fête de la Nativité de la Vierge, Saint Bernard développe pour ses frères les raisons de prier la Vierge Marie, maintenant qu’elle est dans la gloire au ciel.  Lorsque l’ange Gabriel doit répondre à la question de la Vierge : « comment cela se fera-t-il ? », Bernard explique que Marie est invitée à monter au plus haut des cieux et que Dieu Trinité lui donnera la réponse.  Maintenant que Marie en son Assomption est avec son corps auprès de Dieu, les paroles de Bernard donnent tout leur sens à la célébration de ce jour :
Ne t’attarde pas parmi les anges, Vierge sainte ; la terre assoiffée attend de recevoir par ton intervention une eau désaltérante venue de plus haut. Quand tu auras un peu dépassé le ciel des anges, tu trouveras celui qu’aime ton âme. Un peu, te dis-je, non qu’il ne soit incomparablement supérieur aux anges, mais parce qu’entre eux et lui tu ne trouveras plus aucun intermédiaire. Dépasse donc les Vertus et les Dominations, les Chérubins et les Séraphins, pour parvenir à celui qu’ils acclament à l’envi :  » Saint, saint, saint, le Seigneur Dieu des armées (Isaie,6,3) (Aqued 10).

Une fois montée aux cieux, Marie ne reste pas indifférente à nos soucis quotidiens.  Dans ce même sermon, Saint Bernard explique :
La vie éternelle est la source intarissable qui arrose la surface entière du Paradis… La source a été détournée jusqu’à nous, les eaux ont été dérivées vers les places publiques.  Le filet d’eau céleste descend par un aqueduc qui nous instille la grâce dans nos cœurs desséchés (Aqued 3).

Mais quel est cet aqueduc, et comment fut-il construit de manière si prodigieuse, que l’extrémité ne touche pas seulement les cieux comme cette échelle que vit Jacob, mais les franchit et atteint jusqu’à cette source d’eau toujours vive qui est au-dessus des cieux ? (Aqued 4)

Et Bernard de préciser que Marie fut cet aqueduc, par la violence du désir, la ferveur de la piété et la pureté de la prière.  C’est pourquoi l’ange lui dit : Tu as trouvé grâce auprès de Dieu.  Marie, qui mit au monde le Fils de Dieu, fut introduite auprès de Dieu par son Assomption. 

Aujourd’hui, en notre faveur, nous pouvons imaginer que, comme à Cana, Marie s’adresse à Jésus et à Dieu le Père en disant : « ils n’ont plus de vin ! ».  C’est pourquoi, écoutons encore Bernard nous expliquer :
Vénérons Marie de toutes les fibres de notre cœur, de tout notre pouvoir d’aimer et de tous nos vœux. Telle est la volonté de celui qui a voulu que nous ayons tout par Marie. C’est sa volonté, dis-je, mais il le veut dans notre intérêt. En toute occasion et de toute manière, Marie vient en aide à nos misères, stimule notre foi, conforte notre espérance (Aqued 7).

En cette fête de Marie entrée au Ciel, rendons grâces à Dieu le Père et à son Fils Jésus-Christ d’avoir une telle avocate auprès d’eux pour intercéder en notre faveur.  Que la fête de son Assomption augmente notre dévotion envers notre Mère du ciel et nous fasse l’invoquer comme notre avocate auprès de Dieu. 

Père Bernard-Marie

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