22° Dimanche

Le Seigneur notre Dieu est proche de nous

Après avoir entendu le discours sur le Pain de Vie en l’Évangile selon Saint Jean, l’Église nous invite à partir de ce dimanche à reprendre la lecture continue de l’Évangile selon Saint Marc.  Après la multiplication des pains et la marche sur les eaux, Jésus fit de nombreuses guérisons dans les bourgs autour du lac de Galilée.  Sa renommée étant arrivée aux oreilles des chefs du peuple à Jérusalem, ceux-ci envoient des scribes et des pharisiens pour vérifier la doctrine du jeune rabbi. 

Toute la séquence que nous venons d’entendre insiste sur le « faire » des scribes et des pharisiens.  Ils respectent, à la lettre, la tradition des anciens.  Pour les tenants de la religion officielle, la Loi de Moïse est une accumulation d’obligations et d’interdictions.  Tout est prévu, pensé, réfléchi, tout doit être fait selon les règles établies par Moïse et confirmées par la tradition des Anciens.  Lavage de coupes, lavage de plats, lavage de mains… questions de pureté rituelle qui a tôt fait d’exclure de la communion ceux qui ne pratiquent pas les mêmes rites, les mêmes règles. 

Jésus ne veut pas entrer dans cette casuistique, ce rigorisme pointilleux qui a une solution technique à toute question soulevée par rapport à la Loi donnée par Dieu à Moïse.  Respecter la Loi, obéir à la Loi, voilà une chose bonne en soi.  Mais Jésus rappelle, tout au long de sa vie et de son enseignement, que Dieu est d’abord Père.  Dieu est Notre Père !  et Il nous aime !  Comment allons-nous répondre à cet amour divin pour nous ?  Voilà la question essentielle pour Jésus, voilà la question qu’Il pose, aujourd’hui encore, à chacun de nous…

C’est pourquoi Jésus rappelle la parole d’Isaïe qui, 6 siècles auparavant, invectivait déjà au nom de Dieu, le peuple qui avait transformé la Loi d’amour en une loi de préceptes et de pratiques :
Il est inutile, le culte qu’ils me rendent ;
les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains.

La pratique de la Loi devait conduire à une relation avec Dieu, rappelle Jésus indirectement.  Mais l’accumulation à la Loi de préceptes humains a tué la Loi, a surtout tué la relation à Dieu.  Pour les Juifs venus de Jérusalem vérifier l’orthodoxie de Jésus, le cadre de la Loi est devenu un carcan.  Dieu par contre attendait de la pratique de la Loi la découverte d’une religion vraie, l’ouverture de l’âme à une autre dimension, la dimension divine. 

Notre religion aujourd’hui doit se poser les mêmes questions que Jésus posait à ses contemporains.  On parle tellement facilement d’une « religion de façade » ou d’une pratique conformiste liée à notre environnement socioculturel ou même au fait de faire partie de telle communauté religieuse, telle communauté monastique.  Pratiquons-nous les préceptes pour « être en règle », ou est-ce le chemin qui nous conduira, d’étape en étape, à une vraie rencontre avec Jésus dans la prière ? 

Aujourd’hui l’Église est redevenue une communauté minoritaire dans un monde pluriculturel et pluri-religieux.  La tentation pour certains est grande de vouloir affirmer sa religion en durcissant les différences par rapport à la société ambiante.  S’accrocher à des rites et des courants de pensée, n’est-ce pas aussi s’attacher à la tradition des anciens et négliger la Loi divine elle-même ? 

Le message que nous sommes appelés à transmettre est le même que celui pour lequel Jésus est venu dans le monde.  Proclamer que Dieu est Père, affirmer que Dieu est Amour.  Nous sommes invités à vivre de cette évidence, de cette réalité spirituelle.  Dans la mesure où notre religion est « vraie », beaucoup viendront à nous et nous demanderont, comme les Juifs du temps de Moïse : 
Quelle est en effet la grande nation
dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu
est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ?

Alors s’accomplira aussi cette parole du prophète Zacharie :
En ces jours-là, dix hommes de toutes les langues que parlent les nations
Saisiront un Juif par le pan de son vêtement en disant :
« Nous voulons aller avec vous,
car nous avons appris que Dieu est avec vous. » (Za 8,23)

Que le Seigneur nous donne la grâce de vivre cette expérience et de la donner à vivre à d’autres. 

Père Bernard-Marie

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